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Communiqué de presse

Affaire Lina Ben Mhenni : la justice ne doit pas dépendre du bon vouloir des accusés

Communiqué de presse de l’OMCT et de la Fondation Lina Ben Mhenni

A Tunis, le 24 mars 2021

Demain s’ouvre à nouveau le procès de l’un des agresseurs de Lina Ben Mhenni. La défunte Lina, figure de la révolution tunisienne et de la lutte contre la violence institutionnelle avait elle-même été victime de cette violence le 30 août 2014. Cette nuit-là, elle était accompagnée de ses parents et d’un agent de sécurité, dans le cadre de la protection policière rapprochée permanente dont elle bénéficiait en raison de menaces de mort lancées contre elle, Elle se trouvait à coté de son véhicule garé par l’agent qui l’accompagnait aux abords du district de sûreté de Djerba, lorsque quatre agents de police l’ont fait entrer de force dans les locaux de la préfecture de police de Houmet Essouk. A l’intérieur, une dizaine d’agents l’ont frappée au visage et lui ont donné des coups de pieds alors qu’elle se trouvait au sol. Son père, M. Sadok Ben Mhenni a également été insulté et agressé (tentative de coup de poing et bousculades) alors que sa mère et l’agent de sécurité qui l’accompagnait ont aussi été insultés violemment.


Lina et son père ont porté plainte après l’agression. Il aura fallu attendre plus d’un an et demi pour que Lina soit confrontée à ses agresseurs. Après trois ans d’instruction judiciaire, les deux agresseurs principaux, Imad Amri et Maher Ben Belgacem et, respectivement chef du poste de police de HoumetEssouk et le chef de la police judiciaire de HoumetEssouk au moment des faits, ont été traduit pour violences devant le tribunal de première instance de Médenine. Ce n’est qu’après trois ans de procès marqué par de nombreux reports que le tribunal a enfin rendu sa décision, condamnant les agresseurs de Lina à un an d’emprisonnement, au millime symbolique comme dédommagement moralet à 500 dinars de frais de justice.


Ainsi, près de six ans après les faits, justice a théoriquement été rendue. Théoriquement seulement, car les deux accusés se sont soustraits à leur procès et ont été condamnés par contumace. Ils sont donc considérés comme en fuite, à ceci près qu’en réalité, ils continuent de vivre comme si de rien n’était, comme s’ils n’avaient pas été condamnés pénalement pour avoir abusé de leur position de policier et violenté une citoyenne tunisienne.


Comment des agents de police officiant à des postes à responsabilité ont-ils pu se soustraire ainsi à la justice pendant les trois ans de leur procès ? Pourquoi le tribunal n’a-t-il pas ordonné de mandat d’amener ? Comment les accusés peuvent-ils, malgré leur condamnation, continuer de circuler sur le territoire tunisien sans être arrêtés et, pire encore, continuer de travailler comme policiers ?


Cette affaire, comme de nombreuses autres, illustre les nombreuses failles de l’appareil judiciaire tunisien dues notamment à la toute-puissance de l’appareil sécuritaire et de la police judiciaire en particulier. Des failles structurelles et profondes qui font que malgré un vernis de justice, l’impunité demeure généralisée. Certes, des procès pour torture et mauvais traitements voient aujourd’hui le jour. Mais de tels procès sont un simulacre de justice si la participation des accusés dépend de leur bon vouloir. La justice ne peut demeurer un système à double vitesse dont l’efficacité dépend de la qualité, du degré d’influence des plaignants ou des accusés


L’OMCT et la Fondation Lina Ben Mhenni exhortent les autorités judiciaires et le ministère de l’Intérieur à garantir que justice soit effectivement rendue à Lina et à sa famille et à ce que les deux accusés soient traduits en justice, au besoin par la contrainte et à ce qu’ils soient suspendus de leur fonction en attendant un jugement définitif.


Contact :
• OMCT : Hélène Legeay, 98746566, hl@omct.org
• Fondation Lina Ben Mhenni : Sadok Ben Mhenni, 53214245

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Communiqué de presse

قضية لينا بن مهني: العدالة لا يجب أن تعتمد على إرادة المتهم

بيان صحفي بإسم المنظمة العالمية لمناهضة التعذيب وجمعية لينا بن مهني

تونس في 25 مارس 2021

تستأنف غدا محاكمة أحد المعتدين على لينا بن مهني. الراحلة لينا، إحدى رموز الثورة التونسية ومحاربة العنف المؤسساتي، كانت هي نفسها ضحية هذا العنف في 30 اوت2014. في تلك الليلة كان يرافقها والداها وحارس أمني، كجزء من برنامج الحماية الأمنية اللصيقة التي استفادت منه بسبب التهديدات بالقتل التي وجهت إليها. كانت بجانب سيارتها التي أوقفها مرافقها الأمني في ضواحي منطقة الأمن بجربة عندما أجبرها أربعة من أعوان الأمن على دخول مبنى « المنطقة  » حومة السوق وفي الداخل تولى نحو عشرة امنين لكمها في وجهها وركلها وهي على الأرض. كما تعرض والدها السيد صادق بن مهني للإهانة والاعتداء (محاولة اعتداء باللكم والدفع) وكذلك الأمر لوالدتها ومرافقها الأمني اللذان تعرضا للإهانة اللفظية الشديدة

تقدمت لينا ووالدها بشكاية بعد الاعتداء. ولكن استغرق الأمر أكثر من عام ونصف حتى تواجه لينا مهاجميها وجهًا لوجه، حيث بعد ثلاث سنوات من التحقيق القضائي، تم تقديم المعتدين الرئيسيين عماد عمري وماهر بن بلقاسم وهم تباعا رئيس مركز شرطة حومة السوق ورئيس الشرطة القضائية في حومة السوق (زمن وقوع الأحداث) إلى العدالة أمام المحكمة الابتدائية بمدنين. وفقط بعد ثلاث سنوات من المحاكمة التي اتسمت بالعديد من التأجيلات، أصدرت المحكمة قرارها أخيرًا، وحكمت على مهاجمي لينا بالسجن لمدة عام واحد، وبالمليم الرمزي بتعويض معنوي و500 دينار تكاليف مقاضاة

وهكذا، بعد ما يقارب ست سنوات من الأحداث، تم نظريًا تحقيق العدالة. نظرياً فقط لأن المتهمين أفلتا من المحاكمة وأدينا غيابياً. معتبرين في حالة فرار في حين أنهم في الواقع ما زالوا يعيشون وكأن شيئًا لم يحدث، كما لو أنهم لم تتم إدانتهم جنائياً بتهمة إساءة استخدام منصبهم كامنين واعتدائهم على مواطنة تونسية

كيف استطاع أعوان الأمن في مناصب ذات مسؤولية الإفلات من العدالة خلال ثلاث سنوات من محاكمتهم؟ لماذا لم تأمر المحكمة بضبطهم وجلبهم؟ كيف يمكن للمتهمين رغم إدانتهم أن يستمروا في التنقل على التراب التونسي دون أن يتم إيقافهم، بل والأسوأ من ذلك أن يستمروا في العمل كأعوان أمن؟

تسلط هذه القضية، مثلها مثل العديد من القضايا الأخرى، الضوء على العيوب العديدة في النظام القضائي التونسي، والتي تعزى بشكل خاص إلى القوة المطلقة للأجهزة الأمنية والشرطة العدلية بشكل خاص. عيوب هيكلية وعميقة تدل على تواصل الإفلات من العقاب رغم محاولة إظهار العدالة في حلة براقة. صحيح أن محاكمات التعذيب وسوء المعاملة موجودة اليوم لكنها تبقى شبه وهمية لأن حضور المتهمين يعتمد على رغبتهم. لا يمكن أن تظل العدالة نظاما ذو مكيالين تعتمد نجاعته على شخصية أو درجة تأثير المدعين أو المتهمين

في هذا الإطار تدعو المنظمة العالمية لمناهضة التعذيب وجمعية لينا بن مهني السلطات القضائية ووزارة الداخلية إلى ضمان تحقيق العدالة بشكل فعال للينا وعائلتها والعمل على تقديم المتهمين أمام العدالة بكل الأشكال، وان يتم إيقافهم عن العمل في انتظار صدور قرار قضائي نهائي

: للاتصال

: المنظمة العالمية لمناهضة التعذيب: السيدة هيلين لوجي­

البريد الإلكتروني: hl@omct.org ,  رقم الهاتف : 98746566

جمعية لينا بن مهني: السيد الصادق بن مهني| الهاتف: 53214245

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Communiqué de presse

Communiqué de presse: La société civile proie de l’Etat policier, Jusqu’à quand ?

Tunis, le 19 mars 2021

Le 18 mars 2021, les bureaux de l’association DAMJ pour la justice et l’égalité ont fait l’objet d’une descente illégale de la part d’un agent de police en civil, et ce, sans autorisation judiciaire. Ce dernier a tenté de procéder à la perquisition des locaux, malgré la résistance des membres de DAMJ, tout en les interrogeant, avec insistance, sur les activités de l’association.

Cette pratique, propre aux agissements d’un état policier, fait suite à plusieurs autres pratiques similaires dirigées contre des militant.e.s et défenseur.e.s des droits humains de la société civile tunisienne : Badr Baabou, militant et président de DAMJ ; Rania Amdouni, militante féministe queer ; Marwen Bendhiyafi, membre de la LTDH ; Mehdi Barhoumi, membre de International Alert ; Mondher Soudi, membre de Cartographie Citoyenne ; Sami Hmid, militant indépendant ; Samira Rabaoui, militante de l’ATFD, Warda Atig, Secrétaire générale de l’UGET, et des dizaines d’autres militant.e.s et défenseur.e.s des droits humains. Agissant dans l’impunité la plus absolue, les agents de police et les membres des syndicats de police ne reculent plus devant rien, faisant fi des garanties d’un Etat de droit, amorcées par un processus de justice transitionnelle aujourd’hui menacé. La société civile tunisienne, tout en payant les frais de l’inaction de la Justice face à l’impunité de l’appareil sécuritaire :

  • avertit les autorités de la montée de l’acharnement policier contre les militant.e.s et les défenseur.e.s des droits humains et tient le Gouvernement, représenté par le Chef du Gouvernement et ministre de l’intérieur par intérim, Hichem Mechichi, responsable de toute atteinte à la dignité et à l’intégrité physique et morale des personnes ciblées ;
  • soutient tou.te.s les militant.e.s et défenseur.e.s des droits humains dans les procédures pénales et administratives initiées contre les responsables des agressions exercées à leur encontre, et met à leur disposition tous les moyens nécessaires à leur protection, représentation légale et appui psychologique ;
  • appelle toutes les composantes de la société civile à contribuer activement aux efforts de monitoring et de documentation et à la dénonciation systématique des violations des droits humains et des violences policières, et d’unir les rangs contre la prédation de l’Etat policier.

Associations, organisations et coalitions signataires :

  • Avocats Sans Frontières
  • ATL MST sida Tunis
  • Le Groupe Tawhida Ben Cheikh
  • L’Association tunisienne pour la Défense des Libertés Individuelles
  • Association pour la promotion du Droit à la Différence
  • Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux
  • L’Organisation Mondiale de lutte Contre la Torture
  • La Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme
  • L’Association Tunisienne des Femmes Démocrates
  • Beity
  • Association Calam
  • Free Sight Association

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بيان صحفي | كابوس التصنيف وعجز العدالة

بيان صحفي

تونس في 18 مارس 2021، بينما تعود مسألة التصنيف إلى الواجهة، فإن منظماتنا، التي ظلت لسنوات تقدم المساعدة القانونية والنفسية والاجتماعية للأفراد المصنفين، ترغب في تقديم توضيحات أساسية وتفكيك الأفكار السائدة.

التصنيف 17 هو إجراء حدودي

نعم، يتم مراقبة معظم المصنفين عند عبورهم الحدود. يمكنهم تحمل معاناة استجواب تفصيلي بكل دقة لدرجة أنه ينتهي بهم الأمر حدّ تفويت طائرتهم. وقد يمنع عليهم أيضًا مغادرة التراب التونسي عند مرورهم بشرطة الحدود.

ولكن،  تتجاوز آثار التصنيف S17 المتمثلة في القيود المفروضة على حرية مغادرة التراب التونسي. إذ أن التصنيف (S17، S1 ، S6 أو غيره ، S17 هو الأكثر شيوعاً فقط) يعرض الشخص المصنف لقيود عديدة على حرياته تتجسد خاصة في الهرسلة البوليسية،

ذلك أن الإقامة الجبرية والاستدعاءات المتكررة إلى مركز الشرطة والتفتيش خارج إطار أي إجراء قانوني والتعطيل لفترات طويلة أثناء عمليات التفتيش على الطرق أو حتى التحريات لدى الجيران والزيارات المتكررة لأعوان الشرطة في المنزل ومكان العمل هم من بين الإجراءات العديدة التي تُفرض أحيانًا أو حتى بصفة يومية على الأشخاص المصنفين.

تتسبب هذه القيود المفروضة على الحرية على الأشخاص المصنفين في أضرار مادية ونفسية خطيرة. يفقد البعض وظائفهم ومنازلهم … وقد ينتهي الأمر أحياناً بالأزواج إلى الطلاق، وتتفكك الروابط الأسرية، ويصاب الأطفال بصدمات نفسية. بالفعل، فكثيراً ما ينتج عن الإيقافات المتكررة وصم يؤدي إلى انهيار في العلاقات الإجتماعية يقطع حتى الروابط العائلية داخل أسرهم. يفقد البعض وظائفهم ومنازلهم … كأن ينتهي الأمر بزوجين إلى الطلاق وسط صدمة كبيرة للأطفال لينشأوا لسنوات في ظل تقييد حرياتهم (لأنهم سيعانون من قيود والديهم) التي لن تكون دون تأثير على الأجيال العابرة.

التصنيف هو إمتياز تقديري للإدارة

نعم، لوزارة الداخلية الحق في تصنيف المواطنين حسب خطورتهم المفترضة. التصنيف هو طريقة كلاسيكية لسياسة مراقبة الدولة.

ولكن هذا الإجراء غير القابل للكشف، يجب أن يتجسد في مراقبة الشخص وليس الحد من حريته. وفقًا للفصل 49 من الدستور التونسي ووفقًا للالتزامات الدولية التي تعهدت بها تونس، فإن أي إجراء من شأنه تقييد الحرية يجب أن ينص عليه القانون على وجه الخصوص. ومع ذلك، فإن بعض التدابير المقيدة للحرية المفروضة على الأشخاص المذكورين، مثل الإقامة الجبرية ومنع مغادرة التراب التونسي، لا يستند إلى نص قانوني، بل إلى نص تضبطه الإدارة (المرسوم عدد 342-75 المؤرخ في 30 ماي 1975 بشأن تحديد صلاحيات وزارة الداخلية ومرسوم عدد 78-50 المؤرخ في 26 جانفي 1978 الذي ينظم حالة الطوارئ). بعض الإجراءات الأخرى، مثل الاستدعاء المتكرر إلى مركز الشرطة أو الإيقاف أثناء التفتيش على الطرق، ليس لها أسس قانونية.

يمكن للأفراد المدرجين بالتصنيف القيام باعتراضات قضائية ضد تصنيفهم.

نعم وكما أشار لذلك رئيس الحكومة قبل يومين، فإنه يمكن للأشخاص المدرجة أسماؤهم بالتصنيف اللجوء إلى المحكمة الإدارية لرفع الإجراءات المقيدة للحرية.

ولكن خلافا لتأكيدات رئيس الحكومة، فإن وزارة الداخلية مترددة في احترام القرارات الصادرة للمحكمة الإدارية. ساعدت منظماتنا العديد من الأشخاص المصنفين في السنوات الأخيرة في إطار نزاعهم القضائي ضد التصنيف.

حيث كسب الكثير منهم قضاياهم لكنهم ما زالوا يتعرضون لمضايقات لا تطاق. إن الشعور بالظلم والخوف من مواجهة الجهاز الأمني كسلطة شبه مطلقة أقوى من الجهاز القضائي الذي يجد نفسه عاجزا على فرض قراراته في وقت كان من المفترض أن يكون رقيباً على اعتباطية هذه الاجراءات. وهو ما يولد استياء قوياً وإحساسا بالظلم يساهم في العنف ضد الدولة.

إن المنظمة العالمية لمناهضة التعذيب، أخصائين نفسانيون العالم، تونس ومنظمة محامون بلا

: حدود تدعو وزارة الداخلية إلى

الكف بشكل عاجل عن تنفيذ تدابير الرقابة الإدارية التي لا تمتثل لمبادئ الشرعية والضرورة والتناسب؛

احترام القرارات الصادرة عن المحكمة الإدارية دون تأخير؛

معاقبة أي عون يقيد حرية الفرد بشكل تعسفي، رغم صدور قرار من المحكمة الإدارية يقر بإيقاف تنفيذ التصنيف؛

منح تعويض لأي فرد كان ضحية تقييد تعسفي لحقوقه وحرياته.

للإتصال: السيدة هيلين لوجي:

البريد الإلكتروني

hl@omct.org

رقم الهاتف: 98746566

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Communiqué de presse | Du cauchemar du fichage et de l’impuissance de la justice

Communiqué de presse

Tunis, le 18 mars 2021 – Alors que la problématique du fichage revient sur le devant de la scène, nos organisations, qui fournissent depuis des années une assistance juridique, psychologique et sociale à des personnes fichées, souhaitent apporter des clarifications essentielles et déconstruire des idées reçues.

Le fichage S17 est une mesure frontalière

Oui la plupart des personnes fichées sont contrôlées lorsqu’elles passent la frontière. Elles peuvent subir un interrogatoire tellement poussé qu’elles finissent par manquer leur avion. Elles peuvent aussi se voir interdire de quitter le territoire lors du passage de la police des frontières.

Mais les effets du fichage S17 sur les restrictions de liberté vont bien au-delà de l’entrave à la sortie du territoire tunisien. Le fichage (S17, S1, S6 ou autres, le S17 n’étant que le plus connu) expose la personne fichée à de nombreuses restrictions de libertés constitutives d’un véritable harcèlement policier. L’assignation à résidence, les convocations répétées au poste de police, les perquisitions en dehors de toute procédure judiciaire, les immobilisations prolongées lors de contrôles routiers, ou encore les enquêtes de voisinage et les visites d’agents de police au domicile et sur le lieu de travail sont parmi les nombreuses mesures infligées parfois quotidiennement aux personnes fichées.

Les restrictions de liberté dans leur quotidien infligées aux personnes fichées engendrent des préjudices matériels et psychologiques graves. En effet, les arrestations fréquentes engendrent souvent une stigmatisation qui a pour conséquence des ruptures de lien social pouvant altérer les liens au sein de leur propre famille. Certaines perdent leur emploi, leur logement … Des couples finissent par divorcer, des enfants sont traumatisés, d’autres sont élevés pendant des années dans la restriction de leurs libertés (étant donné qu’ils vont subir les restrictions de leurs parents) ce qui ne sera pas sans impact sur le transgénérationnel.

Le fichage est une prérogative discrétionnaire de l’administration

Oui le ministère de l’Intérieur a le droit de ficher des citoyens selon leur dangerosité présumée. Le fichage est une modalité classique de la politique de surveillance d’un pays.

Mais un tel fichage consiste normalement à surveiller discrètement une personne et non à restreindre ses libertés. Selon l’article 49 de la Constitution tunisienne et selon les engagements internationaux souscrits par la Tunisie, toute mesure restrictive de liberté doit notamment impérativement être prévue par une loi.

Or, parmi les mesures restrictives de liberté infligées aux personnes fichées, certaines, telles que l’assignation à résidence et l’interdiction de quitter le territoire, sont fondées selon l’administration non pas sur une loi, mais sur un texte réglementaire (décret n° 75-342 du 30 mai 1975, fixant les attributions du ministère de l’Intérieur et décret n° 78-50 du 26 janvier 1978 réglementant l’état d’urgence). D’autres mesures, telles que les convocations répétées au poste de police ou encore les immobilisations lors de contrôles routiers, n’ont tout simplement aucun fondement juridique.

Les personnes fichées peuvent faire un recours juridictionnel pour faire lever leur fichage

Oui comme l’a rappelé le Chef du Gouvernement il y a deux jours, les personnes fichées peuvent saisir le tribunal administratif pour faire lever la mesure de fichage et faire cesser les restrictions de liberté afférentes.

Mais contrairement aux affirmations du le Chef du Gouvernement, le ministère de l’Intérieur est peu enclin à respecter les décisions pourtant contraignantes du tribunal administratif. Nos organisations ont assisté ces dernières années plusieurs personnes fichées dans le cadre de recours juridictionnels contre leur fichage. Beaucoup ont gagné leurs recours mais continuent d’être soumis à un harcèlement insupportable. Le vécu d’injustice et la peur face à la toute-puissance de l’appareil sécuritaire sont d’autant plus fort que les autorités judiciaires, seul rempart contre l’arbitraire du pouvoir, se montrent incapables d’imposer leurs décisions. Cela génère un fort ressentiment qui contribuent à alimenter la violence à l’égard de l’Etat.

L’OMCT, PDMT et ASF appellent le ministère de l’Intérieur à :

  • Cesser instamment la mise en œuvre à l’encontre d’individus de mesures de contrôle administratif qui ne seraient pas conformes aux exigences de légalité, de nécessité et de proportionnalité ;
  • Respecter sans délai les décisions rendues par le tribunal administratif.
  • Sanctionner tout agent qui restreindrait arbitrairement la liberté d’un individu, à plus forte raison lorsque cette restriction intervient en dépit d’une décision du tribunal administratif ordonnant la levée du fichage et des mesures de contrôle administratif
  • Accorder réparation à tout individu qui a été victime d’une restriction arbitraire de ses droits et libertés.

Contact média : OMCT > Hélène Legeay, Email : hl@omct.org, Téléphone : 98 746 566

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Appel à candidature

OFFRE D’EMPLOI | COORDINATEUR/COORDINATRICE SOCIAL/E | Centre de conseil SANAD à Sfax

L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) est une association internationale à but non-lucratif. L’OMCT travaille avec 200 organisations membres qui luttent pour mettre fin à la torture et aux mauvais traitements, aider les victimes et protéger les défenseur-e-s des droits humains en danger, ou qu’ils se trouvent.

Depuis septembre 2011, le bureau de l’OMCT en Tunisie accompagne les autorités et la société civile dans la prévention de la torture et des mauvais traitements et œuvre à renforcer leurs capacités dans ce domaine. Les interventions de l’OMCT en Tunisie concernent trois volets complémentaires : (1) l’assistance directe et multidisciplinaire aux victimes de torture et des mauvais traitements via le programme SANAD, (2) le plaidoyer pour des réformes législatives et le renforcement des institutions, ainsi que (3) la sensibilisation du grand public.

Le bureau de l’OMCT en Tunisie cherche à recruter un/e coordinateur/trice social/e pour un poste à temps plein afin de renforcer son équipe SANAD basé-e au centre de conseil régional SANAD à Sfax. SANAD est le programme d’assistance directe et multidisciplinaire de l’OMCT en Tunisie.

TERMES DE REFERENCE

Le Coordinateur/La Coordinatrice social/e travaillera sous la supervision directe de la directrice du programme SANAD et en droite coordination avec tou-te-s les membres de l’équipe. Le lieu d’affectation sera Sfax.

Le Coordinateur/La Coordinatrice social/e a pour mission d’accueillir et d’écouter les personnes qui s’adressent au centre de conseil SANAD à Sfax qui offre une assistance sociale, psychologique, médicale et juridique aux victimes de torture et de mauvais traitements. Le Coordinateur/La Coordinatrice social/e prépare un plan d’intervention social après un examen préliminaire des dossiers, pour une meilleure prise en charge psychologique, médicale et sociale et selon les besoins identifiés. Il/elle accompagnera le bénéficiaire tout au long de son parcours de réhabilitation. Le Coordinateur/La Coordinatrice social/e aura à faire des déplacements si nécessaire aux établissements publics, à l’hôpital, chez le bénéficiaire, etc. Il/elle restera informé-e sur l’avancement des dossiers et coordonnera la prise en charge des bénéficiaires avec les membres de l’équipe sur place et dans les autres bureaux de l’OMCT.

Dans le respect des personnes, de leur dignité, de leur intimité et de la confidentialité, il/elle :

  • Est tenue par le secret professionnel et ne doit en aucun cas divulguer des informations personnelles des bénéficiaires ou relatives à l’activité du centre à une tierce personne, sauf pour les besoins de l’exercice de la fonction ;
  • Assure une bonne documentation et un archivage impeccable de tous les dossiers ;
  • Rédige une variété de courriers et de contrats ;
  • Conçoit, gère et met en œuvre un programme de travail de coordination entre les différents acteurs du réseau (nombre et fréquence des réunions, mode de suivi de dossiers à distance) ;
  • Travaille en étroite collaboration avec la société civile et les autorités locales pour une optimisation de la prestation fournie aux victimes qui sollicitent les services du centre ;
  • Démontre un excellent sens de l’appréciation psychologique en plus d’une capacité à proposer rapidement des solutions efficaces et pragmatiques aux problèmes qui se présentent ;
  • Manifeste une détermination en présence d’intimidations éventuelles, de tentatives de manipulation contre le bon déroulement des procès et contre l’intérêt des bénéficiaires ;
  • Manifeste un haut niveau d’intégrité et de diplomatie ;
  • Participe à des réunions, des programmes de formation et des groupes de travail.
  • Collabore avec l’équipe du bureau de Tunis et les autres centres à des fins d’éducation aux droits humains et de création d’initiatives sur tout le territoire ;

Qualifications

  • Maîtrise/Master en études sociales (intervention ou service social/sociologie) et un intérêt confirmé en matière de droits humains ;
  • Au moins trois ans d’expérience professionnelle, et une expérience confirmée dans un domaine similaire ;
  • Maitrise parfaite de l’arabe et du français, une bonne connaissance de l’anglais serait un atout ;
  • Excellentes capacités de rédaction de rapports ainsi qu’une bonne communication orale et écrite ;
  • Aptitude à travailler en équipe et à répondre aux sollicitations urgentes ;
  • Capacité à prendre des initiatives, à traiter des demandes quotidiennes, concomitantes ou urgentes et à respecter les délais ;
  • Professionnalisme, enthousiasme et responsabilité ;
  • Excellente maîtrise de l’informatique ;
  • Prêt-e à voyager régulièrement dans le pays.

Conditions et candidatures

Le lieu d’affectation est le bureau régional de l’OMCT à Sfax. Le poste est à temps plein. L’OMCT est respectueuse du principe d’égalité dans le recrutement. L’OMCT offre un salaire compétitif sur la base de l’expérience du/de la candidat-e. Entrée en fonction prévue dès que possible.

Veuillez envoyer votre CV et votre lettre de motivation (max. 1 page) jusqu’au 31 mars 2021 à l’adresse électronique suivante : fas@omct.org.

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Appel à candidature

OFFRE D’EMPLOI | Chargé-e de suivi et d’évaluation

L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) est une association internationale à but non-lucratif. L’OMCT travaille avec 200 organisations membres qui luttent pour mettre fin à la torture et aux mauvais traitements, aider les victimes et protéger les défenseur-e-s des droits humains en danger, ou qu’ils se trouvent Depuis septembre 2011, le bureau de l’OMCT en Tunisie accompagne les autorités et la société civile dans la prévention de la torture et des mauvais traitements et œuvre à renforcer leurs capacités dans ce domaine. Les interventions de l’OMCT en Tunisie concernent trois volets complémentaires : (1) l’assistance directe et multidisciplinaire aux victimes de torture et des mauvais traitements via le programme SANAD, (2) le plaidoyer pour des réformes législatives et le renforcement des institutions, ainsi que (3) la sensibilisation du grand public.

Le bureau de l’OMCT en Tunisie cherche à recruter un-e chargée de suivi et d’évaluation pour un poste à temps plein.

Termes des références

Le/la chargé-e de suivi et d’évaluation sera en charge de la conception, la mise en œuvre et la gestion des systèmes de suivi et d’évaluation (S&E) du lancement du projet jusqu’à la clôture. Il/elle supervisera le suivi, l’évaluation, l’analyse, l’apprentissage et la communication des performances et des résultats, en fournissant régulièrement des rapports de projet aux bailleurs. Il/elle assurera le coaching technique du personnel et la mise en œuvre de la gestion des données sur l’analyse des genres et d’autres données ségrégées. Il/elle effectuera une formation continue du staff de l’OMCT et à ses partenaires. Il/elle produira régulièrement une analyse des données du projet et identifiera des méthodes pour utiliser les résultats pour l’amélioration des programmes. Il/elle cherchera à renforcer les rapports de performance à travers un suivi et l’évaluation consolidés.

Principales responsabilités

Sous la tutelle de l’équipe management de l’OMCT, le/la Chargé-e de suivi et d’évaluation assurera les principales responsabilités suivantes :

  • Aider l’équipe management à élaborer un plan de suivi et d’évaluation (S&E) pour les différents projets, y compris la sélection et la définition des indicateurs, les méthodes de collecte de données, la collecte de données, la définition des objectifs, la base de référence, l’établissement de rapports, la gestion des bases de données et le développement du S&E plans de suivi des performances ;
  • Fournir une orientation technique sur le S&E pour s’assurer que le projet atteint ses buts et les objectifs et cibles correspondants ;
  • Superviser la mise en œuvre des différents plans de gestion des résultats pour saisir les indicateurs, collecter des données, analyser la performance et les résultats du projet ;
  • Assurer la qualité des données grâce à des procédures de vérification des données, y compris des audits de routine de la qualité des données réalisés pendant le cycle de vie du projet ;
  • Fournir des rapports basés sur les résultats à travers une documentation écrite sur les activités de S&E ainsi que sur les résultats des indicateurs pour les rapports périodiques et finaux, ainsi que des infographies, le cas échéant ;
  • Travailler avec le staff de l’OMCT sur la collecte, la compilation, le stockage, l’analyse et le reporting des données, en veillant à ce que les données soient de haute qualité et dignes d’un audit ;
  • Responsable de coordonner la préparation et la révision des rapports de programme en collaboration avec les équipes programmatiques ;
  • Fournir une formation continue et le coaching du staff de l’OMCT et ses partenaires pour assurer la mise en œuvre un système solide de S&E ;
  • Contribuer aux évaluations de projets internes et externes et les évaluations de la qualité des données, en fournissant aux évaluateurs les données nécessaires ;
  • Réviser périodiquement les données existantes par rapport à la conception du programme et aux hypothèses critiques d’une manière participative staff de l’OMCT Tunisie et conformément aux évolutions d’une gestion de projet adaptative.

Qualifications et competences

  • Baccalauréat ou maîtrise en statistiques, démographie, politique publique, développement international, économie ou domaine connexe ;
  • Minimum de cinq ans d’expérience professionnelle dans un poste S&E en charge de la mise en œuvre des activités S&E sur des projets de développement international ;
  • Expérience de la mesure de la performance, y compris la sélection d’indicateurs, l’établissement d’objectifs, l’établissement de rapports, la gestion de bases de données et l’élaboration de plans de S&E et / de suivi des performances ;
  • Connaissance des principales méthodologies d’évaluation (par exemple, méthode qualitative, quantitative, mixte et impact) et des méthodologies de collecte et d’analyse des données ;
  • Réussite avérée dans la conception, la mise en œuvre et l’exploitation des systèmes de suivi et d’évaluation des projets, du lancement du projet à la clôture ;
  • Maîtrise professionnelle complète d’Excel ;
  • Maîtrise du français, de l’arabe et de l’anglais, est requise ;
  • Capacité démontrée grâce à une expérience antérieure en matière d’évaluation et de supervision de la qualité des données, de développement et de perfectionnement d’outils de collecte de données et d’analyse des données, ainsi que de gestion et de formation continue des partenaires et / ou des sous-bénéficiaires ;
  • Solides compétences techniques, y compris la capacité de traiter et d’analyser les données à l’aide d’un ou plusieurs logiciels statistiques, y compris au moins l’un des éléments suivants: SPSS, Epi-Info, Stata, MS Access ;
  • Expérience de la planification et de la gestion de focus groups.

Conditions et candidatures

Le lieu d’affectation est le bureau de l’OMCT à Tunis. Le poste est à temps plein. L’OMCT est respectueuse  du principe d’egalité dans le recrutement. L’OMCT offre un salaire competitif sur la base de l’experience du/de la candidat-e. Entrée en fonction prevue des que possible. Veuillez envoyer votre CV et votre lettre de motivation à l’adresse electronique suivante : fas@omct.org

Dernier délai de réception des candidatures est le 31 mars 2021.

Merci de noter qu’aucune information ne sera donnée par téléphone. Seul-e-s les candidat-e-s preselectionné-e-s seront contacté-e-s.