MOHAMED RACHID DHIBI

En 1986, Rachid Dhibi était encore étudiant à la Faculté des Lettres de Manouba, au département d’arabe plus particulièrement. Il était membre actif à l’Union Générale Tunisienne des Etudiants et le représentant syndical des étudiants pour la mouvance islamique à ce moment. Il a été arrêté le 2 avril 1986, parmi 200 autres étudiants, à la suite de certaines protestations menées à l’Université de Tunis. Rachid fut transféré à la caserne militaire de Laouina avant qu’il ne soit innocenté par la suite.
Le 10 octobre 1991, il a été arrêté de nouveau au gouvernorat de Kasserine pour appartenance au mouvement islamiste. Il est resté en garde à vue pendant 10 jours, période pendant laquelle il avait nié toutes les accusations qui lui étaient attribuées. Donc, il a été de nouveau libéré. Mais il fut arrêté de nouveau chez lui, à Kasserine. Il a passé 52 jours en détention pour interrogatoire. Rachid indique, dans un état de colère absolue : « La journée du 07 janvier 1992, était une journée qu’on ne peut pas oublier et qui sera gravée à jamais dans ma mémoire. J’ai été arrêté chez moi et je fus accusé d’appartenance au mouvement islamiste, j’ai été exposé à toutes les formes de torture pendant 52 jours durant ».
Après sa dernière arrestation, il a été jugé à 18 mois de prison pour appartenance au mouvement islamique et exposé à toutes formes d’humiliation, torture physique, privation de médicaments, et même de se doucher jusqu’à ce qu’il ait contracté la gale.
Tout comme les autres familles qui se trouvaient dans la même situation, celle de Rachid était victime de harcèlement, d’affront et d’humiliation. Sa famille fut victime de persécution et sa femme qui était institutrice de l’enseignement primaire, fut transférée à une autre école très loin de son lieu de résidence pendant plusieurs années.
Rachid est resté sous surveillance pendant plusieurs années depuis sa libération en 1993 jusqu’à 2007. Mais il n’est jamais parvenu à dépasser ses sentiments d’injustice et de mauvais traitement. Il ne s’est jamais senti à l’aise à proximité des voisins qui le soupçonnaient constamment et n’osaient pas s’approcher de lui. Pire encore, il n’a pas pu trouver un emploi.
Il a pensé à émigrer aux Pays Bas et a présenté une demande, le 10 Août 2010, pour obtenir un visa, mais les autorités ont confisqué son passeport et l’ont arrêté, encore une fois, pour une période de 15 jours, pendant laquelle il a connu toutes les formes de violence, affront et de mauvais traitement sans aucune raison apparente.