MOHAMED BEN YOUSSEF BEN AHMED BEY

Mohamed Ben Youssef Ben Ahmed Bey est né en 1950 au gouvernorat de Tozeur. Il fut arrêté pour son appartenance à la mouvance islamique. Après 15 jours d’arrestation, Il a été libéré, bien qu’il soit gardé sous le contrôle administratif. Il a été contraint de se rendre au poste de police quatre fois par jour pour enregistrer sa présence et repartir ensuite. Ceci ne leur suffisait pas. Quand le conflit s’est accentué entre les groupes de la mouvance islamique et le régime dans les années 90, Mohamed fut écroué à la prison du 9 Avril, en 1990, et subit les aspects les plus horribles de torture, de passages à tabac et des chiens qui étaient lâchés contre lui et les autres détenus. Par la suite, il fut incarcéré dans la prison de Borj Erroumi, où il connut les pires formes d’humiliation et de dégradation en compagnie des autres détenus. En effet, le geôlier les sommait de marcher pied nu sur des sentiers plein de cailloux, de poussière et d’épines, tout en imitant les bruits des poules et répétant à haute voix « C’est moi qui ai volé la poule… Je suis le voleur des poules ».
Mohamed a purgé sa peine entre les prisons du nord au sud. De la prison civile de Gafsa, où il séjourna en 1991, il fut muté à la prison civile de Sidi Bouzid, en 1992, avant d’atterrir enfin à la prison civile de Monastir en 1993.
Le plus dur pour la famille, c’était le transfert de Mohamed aux deux prisons du 9 Avril et de Borj Erroumi, à cause de la distance et des coûts encourus chaque semaine pour aller le visiter et lui transporter « le panier ». Cependant, ce qui était le plus dur à endurer pour eux, c’était son transfert d’une prison à une autre à leur insu et leur calvaire entre plusieurs prisons avant de retrouver l’endroit de son incarcération.
La torture, l’humiliation et la dégradation, que Mohamed a vécues, en compagnie de tant d’autres incarcérés, à cause de leur affiliation idéologique, leur choix politique et leur opposition au régime, ne s’est pas limité à leur propre niveau, mais a inclus leurs familles également. Ce phénomène a même influencé sur leur profession et leurs études ainsi que sur leurs mouvements et leurs relations. Ce n’était pas un seul membre de la famille qui fut persécuté, mais plutôt une famille entière.
« On voudrait bien faire parvenir la voix du droit aux comtés les plus lointains et rendre justice à tous ceux qui ont souffert derrière les barreaux, rien que parce qu’ils ont osé exprimer des opinions différentes. On tient, également, à se servir d’exemple pour les générations futures et à consacrer ces récits et les répertorier dans la mémoire collective. Cet effort est nécessaire pour éviter que de tels actes ne se répètent que la liberté de conscience.