AHMED YAKOUBI

Originaire du gouvernorat de Tozeur, Ahmed Yakoubi est représentant des étudiants, au sein de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET), à l’Institut Supérieur des Etudes
Technologiques (ISET) de Gafsa.
Son calvaire a commencé le jour où il a été convoqué, au mois de décembre 2017, par le directeur de l’Institut Supérieur où il étudiait qui l’avait accusé d’empêcher les étudiants d’accéder à l’institut et de menacer l’un des responsables de l’Administration. Le directeur de l’institut lui a demandé de présenter ses excuses et d’émettre une décision appelant à la suspension de la grève. Ils l’ont menacé de le livrer aux agents de la sécurité s’il s’obstine à continuer ses activités syndicales.
Ahmed s’est senti à la fois opprimé et persécuté du fait de se trouver coincé entre le fer et l’enclume. Ou bien il se consacre à ses études pour les terminer avec réussite, surtout que le directeur lui a rappelé que c’est sa dernière chance, au prix de laisser tomber le travail syndical et le soutien des étudiants. Ou bien il se consacre au travail syndical et fait fi de tout ce que lui a été demandé.
Ahmed a décidé de ne pas revenir sur sa décision et de ne pas trahir la cause. Il a été convoqué par les services de sécurité, pour interrogatoire, et par le conseil de discipline. Le directeur de l’institut lui a rappelé la même rengaine « tu donnes du lest, on donne du lest », en d’autres termes, si tu renonces à tes principes tu peux jouir de ta liberté.
Le jour même, Ahmed a été interrogé et comparu devant le conseil de discipline où il fut contraint de présenter ses excuses et la grève fut suspendue. Or, ceci a laissé engendrer un malaise psychologique chez Ahmed qui a décidé de sécher les cours. Il n’imaginait jamais, comme l’avait indiqué dans ses déclarations, que le travail syndical, à l’université et après la révolution, l’obligerait à comparaître devant le juge, à la détention, à l’humiliation et aux affronts.
« J’ai vécu une guerre psychologique affreuse et j’étais consterné. Je me rappelle ne pas avoir mangé pendant deux journées entières et je n’ai adressé la parole à personne. Je ne dormais plus, et je me sentais opprimé et incapable d’agir, comme si j’étais coupable. Ce qui m’a fait perdre les pédales c’est que la porte de l’institut, qui était à peine entrouverte, elle est devenue grande ouverte maintenant. Je me suis rendu à l’évidence que la vie de l’après révolution ne dépasse guère la pseudo liberté. »