Militant politique et prisonnier politique, son emprisonnement a duré quatorze ans. Il a été arrêté pour la première fois le 5 octobre 1987 aux derniers jours du règne de Bourguiba avec environ une vingtaine de ses élèves. On le surnommait « Tounekti et ses enfants ». Il a réussi à s’évader de la prison et est resté en cavale pendant près de sept mois. Il a de nouveau été arrêté le 5 octobre 1991, sous le régime de Ben Ali.
Il a été soumis aux pires formes de la torture. Il a été suspendu à un bâton et gardé en forme de poulet, avec les pieds et les mains ligotés, au moins à quatre reprises tout au long de son incarcération. Il passait des heures entières dans cette position où il est exposé à toute forme d’humiliation, y compris l’atteinte à sa dignité et à son intégrité physique. On l’obligeait à relever sa tête baissée jusqu’à l’éclatement d’un vaisseau dans son cou. Les traces du sang coagulé sont apparentes jusqu’à ce jour. Ils sont allés jusqu’à brûler ses oreilles. Les affres de la torture se sont perpétuées tout au long la période de son incarcération. Jusqu’à aujourd’hui, il porte des traces sur tout son corps, ainsi que des traumatismes et des traces de passages à tabac sur sa tête jusqu’à ce qu’il perde conscience. Le bonhomme traîne encore les séquelles d’un traumatisme crânien jusqu’à ce jour.
Lors de la période de son incarcération, il a connu pas moins de douze prisons. Il a moisi, pendant longtemps, dans les prisons les plus horribles à l’instar de celle d’El Houareb, à Kairouan, et celle de Mahdia.il a connu des années très sombres.
« Nous sommes restés longtemps en attente de la sentence, et une fois jugé, on est passé au stade de la torture, de l’humiliation et de la dégradation. Les techniques de la torture se renouvelaient au fil des jours. Ils nous traitaient comme des animaux. Même les repas qu’on nous servait ne suffisaient pas pour un chat. Pour ce qui est de la nourriture, même les animaux étaient incapables de les mâcher ou de les avaler ».
« J’ai quitté la prison en 2005 et je ne le regrettais pas et je ne me sentais pas vaincu. La liberté a un prix ».
La date du 14 janvier 2011 était celle de la délivrance et de la liberté pour tous les prisonniers d’opinion. Cette date marque la fin du calvaire de tous ceux qui ont souffert des affres des prisons tunisiennes. C’était une journée de fête et de bonheur indescriptible, d’un moment historique nous avons tous tant attendu. Grâce à cette date, nous nous sommes lancés dans la bataille de la vie avec beaucoup de patience et de résilience pour sculpter la forme de notre vie, notre politique et notre pays et le doter d’une constitution efficace pour laquelle tant d’autres peuples nous envient. »
« Nous sommes résolus à continuer notre marche jusqu’à ce que le soleil de la liberté brille et que la Tunisie réalise son développement ».