Néjib Zaher fut arrêté pour appartenance à une association non autorisée, et placé en garde à vue au mois de février 1991, pour une période de 6 jours. Au cours de la même année, et après un procès qui avait duré cinq mois, il a été jugé à 22 mois de prison.
Les poursuites sécuritaires et judiciaires ne se sont pas arrêtées à ce niveau, car il fut arrêté une troisième fois et jugé à trois ans fermes, au cours de la période allant de 1994 à 1997, une période qu’il avait passé entre 4 prisons, de Gabès à Sousse, et puis à Tunis, avant d’atterrir à Sidi Bouzid. Comble de malheur, ils l’ont incarcéré avec les prisonniers du droit public où, et comme il disait dans son témoignage à propos des différentes formes de torture qu’ils ont subies : « On nous faisait travailler comme des bêtes au point que nous nous sentions privés de notre nature humaine ».
Jusqu’à ce jour, le malheur de Néjib n’a pas diminué et il n’a jamais oublié sa mère qui est décédée parce qu’elle ne pouvait supporter son emprisonnement, il n’a jamais oublié la décision de l’empêcher de continuer ses études de troisième cycle, ni l’oppression et l’injustice auxquelles il était assujetti. En dépit de tout cela, il se sent fier de ses choix et considère que tout ce qu’il avait enduré est une preuve de son orgueil, de sa dignité, de son engagement, de sa conviction et de son appartenance. Il conclut son témoignage en disant que : « Si la mort est inéluctable, ça serait alors un scandale que de mourir comme un lâche ».
Mabrouka Mahjoub fut arrêtée avec son bébé pendant une période de 16 jours, au mois de juin 1991. Elle fut accusée d’appartenance à une association non autorisée. Au cours de sa détention, elle a subi des interrogatoires et un harcèlement, même après avoir quitté la prison, puisqu’elle a été victime de contrôle administratif et de pression exercée sur les membres de sa famille pour les aspects les plus élémentaires ayant trait à leur citoyenneté.
Elle fut victime d’humiliation et d’affront à chaque fois qu’elle rendait visite à son mari en prison. Le harcèlement la guettait partout, jusqu’à son lieu de travail, pour la priver de toute source de subsistance.
Ce que Mabrouka a souffert le plus, c’étaient les cris de son bébé derrière les barreaux de la prison et les sanglots de sa mère qui déchiraient tous les cœurs, hormis ceux des bourreaux.
Malgré tout ce qu’elle a pu endurer, Mabrouka n’a jamais perdu son sourire, même en plein milieu de la tristesse. Son moral est resté toujours intact, bien qu’elle soit convaincue que le calvaire qu’elle avait connu en prison représentait son chemin vers une liberté dont elle était persuadée qu’elle ne peut jamais être offerte mais plutôt arrachée.