ILHEM HAMROUNI

A l’intérieur de la salle de classe à l’école, de Chatt Essalam à Gabès, et devant ses écoliers et écolières, Ilhem Hamrouni fut arrêtée, bien qu’elle soit enceinte de six mois, le 11 novembre 1992, pour appartenance au mouvement des Ouvriers Communistes. Son chef d’accusation était l’appartenance à une association non autorisée et distribution de pamphlets hostiles au régime, une activité qui risque de perturber l’ordre public.
Ilhem fut arrêtée en compagnie de sa collègue Nour El Houda qui était aussi enceinte. Leur affaire fut connue, à ce moment, sous le nom des « prisonnières enceintes ». Ainsi commençait leur périple de torture physique et psychologique, en attendant qu’elles soient jugées à 4 mois de prison à la fin de 1992.
Cette prisonnière de l’opinion politique, témoigne que la torture et le traitement inhumain infligés par les agents des instituions carcérales tunisiennes sont considérés comme étant une partie de la peine que le prisonnier doit purger avant même que la sentence de condamnation ne soit prononcée. Elle ajoute que la privation de liberté ne leur suffit pas, encore faut-il les extirper leurs droits et leurs besoins humains les plus élémentaires, y compris leurs droits à recevoir leurs médicaments et à bénéficier de visites médicales.
Ilhem fut relâchée grâce à la pression exercée par les associations de la société civile notamment la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH). Malgré la dégradation de son état de santé, suite à la torture dont elle a été victime, et malgré sa grossesse difficile, le régime n’a pas hésité à la harceler et multiplier les poursuites judiciaires à son égard, en plus du contrôle qui fut pratiqué à son égard au quotidien.