Le 6 aout 2017, Hatem Hmaidi, un jeune homme de 24 ans, s’est rendu avec deux amis à la plage de La Marsa. Aux dires de son père, le jeune homme s’est soudain évanoui. Perdant l’équilibre, il s’est raccroché à une enfant accompagnée de sa mère. Cette dernière, dont le mari se trouve être policier, a paniqué et accusé Hatem d’avoir voulu enlever sa fille. Des agents sont venus arrêter Hatel. Selon les amis de ce dernier qui ont assisté à l’arrestation, Hatem a été roué de coups avant d’être conduit au poste de police. L’un de ses amis l’a accompagné au poste. Il l’a entendu se faire agresser dans une pièce et dit l’avoir vu sortir avec le visage ensanglanté.
La police a ensuite transféré Hatem à l’hôpital au prétexte qu’il était très agité, serait sujet à des crises d’épilepsie et aurait essayé d’agresser des policiers. Le médecin qui l’a examiné a estimé qu’il ne présentait pas de syndrome délirant ni hallucinatoire. Son père affirme que son fils n’a jamais été épileptique.
Hatem a été ramené au poste de police et placé en garde à vue le 7 août. Le lendemain, le procureur l’a accusé de possession d’arme blanche sans autorisation et de détournement de mineure et a ordonné son placement en détention préventive à Mornaguia. Le 9 août, son père lui a rendu visite en prison et l’a trouvé dans un état alarmant. Le père pense que son fils a été torturé pendant sa garde à vue. Il ne pouvait même pas parler et présentait une fracture au niveau du nez, la perte de quelques dents, une fracture abdominale, ainsi que des troubles de mémoire.
Le 13 août, Hatem a été transféré de la prison de Mornaguia à l’hôpital Charles Nicole où il est décédé à son arrivée. Les agents de la garde nationale ont prévenu le père du décès de son fils mais sans fournir aucune explication. En se déplaçant à l’hôpital, le père a trouvé le Procureur de la République sur place. Ce dernier l’a informé que l’autopsie va déterminer les causes de la mort.
Le jour du décès, une instruction judiciaire a été ouverte sur le fondement de l’article 31 du Code de procédure pénale. Le juge d’instruction a interprété cet article comme excluant la possibilité pour la famille du défunt de se constituer partie civile et d’avoir accès au dossier d’enquête.
En février 2018, l’avocat de SANAD a appris de façon informelle que le juge d’instruction avait récemment adressé une commission rogatoire à la garde nationale qui aurait, dans ce cadre, auditionné l’ami de Hatem qui l’avait accompagné au poste de police le jour de son arrestation. Toutefois, malgré plusieurs demandes écrites déposées par l’avocat et restées à chaque fois sans réponse, ce dernier n’a jamais eu accès au dossier ni même au rapport d’autopsie, si bien que la famille du défunt ne connaît toujours pas les raisons du décès.
Après un an d’inactivité, en novembre 2019, un nouveau juge d’instruction a été désigné. Mais près de sept ans après le décès de Hatem et malgré de nombreuses relances du juge par la famille et l’avocat, l’instruction n’a toujours pas avancé et les parents de Hatem ne connaissent toujours pas la cause du décès de leur enfant.