Interview avec Me Dalila Msaddeq



  • En tant qu’avocat-e, comment voyez-vous votre rôle dans la défense des DH et libertés? 

Je crois que mon rôle dans la défense des droits et libertés consiste principalement à œuvrer pour que les groupes vulnérables aient accès aux droits humains. J’étais toujours engagée en faveur des groupes vulnérables et, même dans les affaires civiles, j’ai toujours cherché à souligner l’importance des droits de l’Homme.

Avant la révolution, j’étais engagé dans la défense des militants et des opposants au régime, ce qui C m’a coûté un harcèlement policier accompagné d’une surveillance fiscale intense.

Après la révolution, je me suis retrouvé plus engagée et plus acharnée dans la défense des droits humains.

Depuis le 25 juillet, la situation est devenue terrible, vu que les poursuites à l’encontre des avocats défendant les droits et libertés sont devenues une réalité légitime dans le contexte actuel, cela soulève des préoccupations sérieuses quant à l’état de l’état de droit et à la protection des droits de l’Homme. Face à de telles circonstances, les avocats engagés dans la défense des droits et libertés font face à des défis considérables.

  • Cette défense (dans le contexte actuel) vous crée-t-elle une certaine pression ou menaces? 

En une semaine, des poursuites ont été lancées contre moi sur la base du décret 54 : Je suis poursuivie pour « diffusion de fausses nouvelles dans le but de menacer la sécurité publique par le biais de médias audiovisuels », en application de l’article 24 du décret-loi 2022-54 du 13 septembre 2022, et de « traitement de données à caractère personnel relatives aux infractions pénales, à leur instruction, aux poursuites pénales, aux sanctions, aux mesures préventives ou au casier judiciaire », en application des articles 13 et 87 de la loi organique n° 2004-63 relative à la protection des données à caractère personnel. Ces poursuites sont en lien avec des déclarations que j’ai fait à la radio les 28 et 29 septembre 2023 dans lesquelles j’ai mentionné avoir demandé au juge d’instruction de la cellule judiciaire spécialisée « antiterrorisme » d’entendre les diplomates que leurs clients auraient rencontrés dans le cadre du « complot » dont les accuse le parquet.

Mise à part le volet judiciaire, le 04 janvier, alors que je voyageais à titre personnel vers la France, j’ai été retenu à l’aéroport malgré l’absence de toute décision judiciaire à mon égard ni même un fichage administratif.