En tant qu’avocat, mon engagement de défense des droits humains a été impacté par les différents contextes qu’a connu la Tunisie : En luttant contre la dictature à la contribution au respect des libertés. Personnellement, je vois que la lutte contre la dictature et la contribution au respect des libertés dans des contextes de changement politique représentent des engagements essentiels pour les avocats afin de promouvoir les droits humains et la construction d’une société plus démocratique et respectueuse des libertés fondamentales.
Avant la révolution, j’étais un avocat actif dans la défense des droits humains, et la profession juridique à cette époque avait la réputation de défendre bénévolement les personnes condamnées dans des affaires politiques et d’opinion.
En 2005, des avocats de tout bord politique ont participé à un sit-in, suite à l’incarcération de l’avocat Mohamed Abbou et à la violente agression du Doyen des Avocats, Abdel Sattar Ben Moussa, par le juge d’instruction chargé du dossier de Abbou. Après cela, j’ai consacré mon bureau pour entamer la fameuse grève de la faim pour la défense des droits et libertés qui a commencé le 18 octobre 2005 et a duré un mois.
Après la révolution, je me suis engagé dans la vie politique de manière indépendante, sans assumer de responsabilités politiques les premières années, mais j’étais membre de la Commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la transition démocratique et de la réforme politique, qui a promulgué plusieurs lois, comme le décret relatif à la presse, aux partis, le décret régissant les associations et la loi électorale, selon lesquels les élections à l’Assemblée nationale constituante ont eu lieu en 2013.
En 2020, j’étais nommé dans le gouvernement d’Elias Fakhfakh au poste de ministre des Droits de l’Homme, mais le gouvernement n’a tenu que 6 mois après avoir pris ses fonctions le 27 février 2020.
Après le 25 juillet 2021, Ayachi Hammami était en tête des opposants au régime du Président de la République en mettant en avant les questions à dimension politique qui touchent aux droits et libertés. Il a créé l’instance nationale pour « la défense des libertés et de la démocratie » qui répertorie les violations des droits humains et défends l’ensemble des victimes des violations des droits et libertés, soutenir les magistrats dans leur bataille pour l’indépendance de la justice, et contribue au rétablissement de la démocratie tunisienne.
10 octobre 2023, Ayachi Hammami a comparu devant le juge d’instruction près du Pôle judiciaire antiterroriste, il a été auditionné et laissé en liberté dans le cadre de l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’État. Ayachi indique que son avocat Abdelaziz Essid été contacté par téléphone de la part du juge d’instruction une heure et demie après la clôture de l’interrogatoire pour lui annoncer la décision d’une interdiction de voyage à l’encontre de son client, mais également d’une interdiction d’apparaître dans les lieux publics.
Pour Ayachi Hammami, il s’agit tout bonnement d’abus et dénote d’une justice aux ordres : « En temps normal, quand le juge prend ses décisions il en informe l’accusé. Dans le cas d’espèce, personne n’a été informé au cours de l’audition et on n’apprend ces nouvelles décisions qu’après une heure ».
Ayachi Hammami avait été convoqué également au sens du décret-loi 54-2022, pour « utilisation délibérée des réseaux de communication et des systèmes d’information pour promouvoir et propager de fausses rumeurs dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui et de menacer la sécurité publique », et « attribuer de fausses informations pour diffamer autrui et nuire à leur réputation ». L’accusation portée devant le tribunal de première instance de Tunis, fondée sur l’article 24 du décret-loi n°54-2022, est punie d’une peine de 10 ans de prison
Mardi 10 janvier 2023, Ayachi Hammami a comparu devant le juge d’instruction au Tribunal de première instance de Tunis suite à la plainte déposée à son encontre par la ministre de la Justice, Leïla Jaffel, en vertu du décret-loi N° 54-2022. L’avocat est accusé par la ministre de la Justice de « diffusion de fausses rumeurs dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui et de porter préjudice à la sûreté publique » et « d’attribution de données infondées visant à diffamer les autres », a bénéficié d’une mobilisation sans faille.
Ces affaires me confirment le caractère politique de ces accusations « Ce sont des affaires d’opinion publique par excellence qui traduisent le traitement du gouvernement avec l’opposition et les voix libres sur la base de « lois discriminatoires ».