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Violentée devant ses enfants

Ghofrane, 42 ans, Tunis

Ghofrane vit seule avec sa fille de 10 ans et son fils de 9 ans. Elle est activiste au sein d’un mouvement qui fait un plaidoyer contre la loi 52 de répression de la consommation de cannabis. Un jour de janvier 2023, elle a été surprise de voir débarquer à son domicile quatre agents en civil. Elle venait de recevoir la visite d’un ami venu apporter des médicaments pour soigner son fils malade. Les agents ont procédé à la fouille de son appartement au motif qu’elle est soupçonnée de trafic de drogue. Selon Ghofrane, lorsqu’elle a demandé à voir le mandat de perquisition, le chef lui a répondu qu’il est un chef de poste et n’a donc pas besoin d’autorisation.

Les policiers ont embarqué Ghofrane au poste avec ses deux enfants et son ami.

Un des agents lui a ordonné d’ouvrir son téléphone portable. Comme Ghofrane refusait d’obtempérer, l’agent lui a asséné deux gifles, devant ses enfants terrorisés. Ghofrane a été menottée. Elle a persisté dans son refus et exigé de pouvoir contacter un avocat. En rétorsion, un autre agent lui a serré les menottes et l’a insultée, toujours devant ses enfants. Les agents ont alors menacé de fabriquer une fausse accusation contre Ghofrane en l’accusant de prostitution.

Puis elle a été transférée vers un autre poste. Là-bas, selon Ghofrane, un agent a rédigé un procès-verbal qui reflétait ses déclarations. Mais un autre agent est arrivé, a réécrit le procès-verbal et enjoint à Ghofrane de le signer sans qu’elle ne puisse le lire. Elle est repartie du poste vers 20h, soit près de sept heures après son interpellation. Elle fait actuellement l’objet d’une enquête pour trafic de stupéfiants.

Des photos prises après sa libération ainsi qu’un rapport médical témoignent des violences qu’elle a subies. SANAD Elhaq a porté plainte pour torture en tenant compte du fait que l’agression a été infligée en présence de ses deux enfants de 10 et 9 ans, ce qui constitue une violence psychologique supplémentaire. SANAD coordonne en outre avec les services publics de protection de l’enfance pour apporter une assistance psychologique aux deux enfants traumatisés.