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Torturé pour avoir brisé une vitre de voiture

Rached, 24 ans, Grand Tunis

Le 3 avril 2023, des agents sont arrivés au domicile de Rached. Ils ont expliqué à sa mère que Rached était accusé d’avoir cassé la vitre d’une voiture et volé des lunettes à l’intérieur. Ils ont annoncé qu’ils repasseraient plus tard dans la journée. Quand les policiers sont revenus, Rached était parti dormir chez un ami. Les agents ont fait irruption au domicile de l’ami au milieu de la nuit. Rached ayant résisté à son arrestation, il a été violemment frappé.

Le lendemain, la famille de Rached s’est rendue au poste de police où on leur a dit que Rached avait été transféré au tribunal. La famille s’est donc rendue au tribunal mais ne l’a pas trouvé. Ils se sont rendus dans plusieurs postes de police, sans succès. Un policier a informé la voisine de la famille que Rached était hospitalisé à la Rabta. La mère et le frère de Rached ont trouvé ce dernier dans le coma, dans l'unité de soins intensifs. Son pronostic vital était engagé selon le médecin.

La famille n’a pu voir Rached qu’au bout d’une semaine, après sa sortie du coma. Il présentait des blessures autour des poignets, sur la joue et sur le bras. Sa mère a porté plainte pour agression.

Rached racontera par la suite qu’à son arrivée au poste après son arrestation, il a été placé dans la cave du poste et contraint de signer des procès-verbaux reconnaissant sa culpabilité dans le vol de la voiture ainsi que dans plusieurs autres affaires de vol. Lorsqu'il a refusé, les agents l'ont violemment roué de coups de bâtons, de poings et de pieds. Ils l’ont aussi aspergé de gaz lacrymogène. Les agents lui ont retiré ses vêtements et l'ont aspergé d'eau froide. Ensuite, il a été attaché au mur avec des menottes très serrées et il a fini par perdre connaissance. La dernière chose qu’il a entendu était

"Arrêtez, arrêtez, il va mourir."

Des agents de police ont contacté le frère de la victime pour lui dire qu’il avait été hospitalisé en raison d’une overdose de drogue. Le frère venait d’être visé par une plainte pour violence à la suite d’une dispute et un policier lui a promis de clore le dossier s’il renonçait à porter plainte pour ce qui était arrivé à Rached. Le frère a refusé le chantage et des agents sont venus le harceler sur son lieu de travail.

Rached ayant perdu son emploi à la suite de sa torture et de ses 15 jours d’hospitalisation, des policiers lui ont promis qu’ils l’aideraient à retrouver un emploi s’il retirait sa plainte. Rached persiste à réclamer justice.