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« Envoyez-moi une patrouille avant que je ne commette un crime ! »

Salem, 56 ans, Grand Tunis

Salem, un agent du ministère de la Justice de 56 ans, s’est rendu dans un établissement public pour une démarche administrative. Il s’est querellé avec l’agent de sécurité qui a appelé la police. Alors que Salem quittait les lieux, un policier, Mondher, qui venait d’arriver l’a interpellé et lui a reproché de ne pas s’être arrêté immédiatement lorsqu’il l’a appelé. Salem a répondu que comme l’agent était en civil, sa qualité de policier n’était pas évidente. L’agent s’est mis en colère et a appelé des collègues par talkie-walkie en disant « envoyez-moi une patrouille avant que je ne commette un crime ! ».

A l’arrivée de la patrouille de police, Salem a essayé d’expliquer la situation mais Mondher l’a menotté et forcé à monter dans la voiture de police où il l’a frappé sur différentes parties de son corps jusqu’à ce qu’ils soient arrivés au poste de police de proximité.

Une fois au poste, Mondher a conduit Salem dans une pièce et l’a frappé sur le visage, insulté et humilié. Quand le chef du poste est arrivé et a appris que Salem est un agent public, il a ordonné son transfert vers un autre poste pour être auditionné puis libéré.

SANAD Elhaq a mandaté un avocat qui a porté plainte pour violence en août 2022. Alors que cette plainte n’a toujours pas donné lieu à l’ouverture d’une enquête, Salem a appris qu’en janvier 2023, il avait été condamné pour outrage à agent public à la suite d’une plainte déposée par son agresseur et ce, sans être informé des poursuites.

D’après la documentation effectuée par SANAD cette dernière année et demi, 57% des victimes de torture et mauvais traitements sont poursuivies pour outrage. Ces poursuites font suite à des plaintes déposées par les agents agresseurs afin de justifier l’arrestation des victimes et de décrédibiliser leurs plaintes pour torture ou violence. Dans la quasi-totalité des cas, les enquêtes pour outrage avancent beaucoup plus rapidement que les plaintes déposées par les victimes contre leurs agresseurs.